La malédiction de Toutânkhamon

Près d’1,5 million de visiteurs cette année à la Villette, 1,24 million en 1967 au Grand Palais, soit les deux meilleures affluences pour une exposition à Paris, Toutânkhamon déplace les foules. Rien n’arrête la curiosité constante que suscite le nom du « petit Pharaon », dont la mort mystérieuse constitue le premier épisode de la «malédiction des pharaons ».
Qu’en est-il exactement de cette menace « la mort touchera de ses ailes quiconque troublera la paix du pharaon »  écrite sur une petite tablette en terre cuite provenant de la chambre des sarcophages ? Info ou fake news ? Des éléments récents apportent des éléments de réponse.

Une intrigue à la Sherlock Holmes
Howard Carter découvre le tombeau en 1922. Les 12 années suivantes, une véritable hécatombe s’abat sur pas moins de 27 personnes qui auraient été au contact du tombeau et trouvèrent une mort suspecte. Sir Conan Doyle, grand amateur de spiritisme parle le premier de la malédiction de la momie.
La presse du monde entier s’empare du phénomène et titre sur les sortilèges, l’épidémie, les dieux funéraires …

 « Je suis celui qui refoule les voleurs de la tombe grâce aux flammes du désert …»
… Est-il écrit sur la pierre devant l’entrée du tombeau de Toutânkhamon. Peu de temps auparavant, un cobra, incarnation divine et rare en hiver en Egypte, gobe dans sa cage le canari, symbole de bonheur et de fortune, qui était devenu la mascotte de l’équipe d’archéologues réunis par Howard Carter.
Cinq mois plus tard, le commanditaire des fouilles, Lord Carnarvon s’éteint, victime selon les sources, d’une blessure de rasoir ou d’une piqûre de moustique qui se serait infectée.
En 1966, la malédiction frappe toujours : le Directeur des Antiquités Egyptiennes au Caire signe l’autorisation de sortie du trésor pour son exposition à Paris et meurt brutalement.

Une étrange épidémie
Insolation, pneumonie, infection, démence, accident : elle décime les archéologues et leurs proches. La presse en fait ses choux gras. Cinéastes et romanciers se saisissent à leur tour de l’histoire. Agatha Christie écrit « l’aventure du tombeau égyptien ». Christian Jacq n’est pas en reste, qui revisite le mystère de Toutânkhamon en 2016. De nombreuses théories, plus farfelues les unes que les autres tentent d’expliquer la malédiction : gaz mortels dégagés par les bandelettes de la momie, bougies de cire enduites d’arsenic, capsules à base de blé parasitées par des champignons, concentration de radioactivité …

Un mythe rongé par de nouvelles révélations
Et si la terrible malédiction des pharaons n’était qu’une simple histoire de microbes ? C’est la thèse développée par le docteur Fathi Awad, un archéologue égyptien. Dans une émission, « le secret des pyramides », diffusée par France 2 en mars 2019, il explique, un masque sur la bouche : « l’air ici n’est pas sain. Des bactéries de plusieurs milliers d’années peuvent endommager vos poumons. Et dans le passé, des gens sont morts à cause de cela ».

Désintox
La rumeur, née au début du 20ème siècle, fût largement relayée par les médias du monde entier, avides d’histoires surnaturelles et peu scrupuleux du sérieux de leurs sources. La malédiction ne serait qu’une fable lancée par Carter, validée par Lord Carnarvon, pour éviter que des ouvriers malhonnêtes pillent le tombeau. Une technique de dissuasion qui a fait ses preuves.
Certes, les décès sont bien réels mais concernent des personnes déjà âgées à une époque où les conditions d’hygiène étaient déplorables. Lord Carnarvon, dont la santé était chancelante, meurt à 56 ans à une époque où l’espérance de vie était de 55. Et ils sont nombreux les scientifiques mais aussi toute une foule de curieux, qui pénétrèrent dans le tombeau, ne connurent aucun souci de santé et moururent de leur belle mort, loin du Nil, à un âge avancé.

La malédiction est-elle enfin vaincue ?

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