La crémation à travers les âges

De plus en plus de Français choisissent la crémation, de préférence à une inhumation. Cette technique funéraire, institutionnalisée en Asie par le bouddhisme et l’hindouisme, se développe depuis quelques années en Occident. C’est une révolution dans les mentalités et un bouleversement complet de la manière dont les Français conçoivent les obsèques de ceux qui viennent de les quitter. Comment ce rite est-il parvenu jusqu’à nous ? 

L’histoire de la crémation se confond avec l’histoire des civilisations
Alors que les plus anciennes sépultures ont été découvertes au Moyen-Orient à l’époque du Paléolithique (entre 275 000 et 35 000 avant J.-C.) les premières mentions de crémation remontent à l’âge de bronze, plus précisément en Australie, il y a 22 000 ans.
C’est par le feu que l’immortalité a été conférée aux Dieux. Ce qu’il y a de devin chez l’homme est emporté par le feu vers le ciel et peut s’unir aux êtres célestes tandis que l’élément terrestre reste ici-bas.
Différentes pratiques funéraires sont alors identifiées : les inhumations individuelles ou simultanées, les sépultures collectives et, donc, la crémation qui se répand et devient prédominante à la fin de l’âge du Bronze (de 3 000 à 1 000 avant J.-C) en Europe centrale et de l’Ouest.

La crémation disparaît peu à peu
Si dans l’Antiquité, chez les Grecs puis au début de la Rome antique, la crémation est encore régulièrement pratiquée, elle disparaît avec la généralisation de la pratique de l’inhumation chez les empereurs romains à partir d’Antonin le Pieux, au IIème siècle. 
L’inhumation, plus conforme avec l’idée de résurrection, devient la pratique dominante. Mais les avis des historiens diffèrent sur le rôle du christianisme. Les religions « à mystère », ces cultes initiatiques ou orientaux, apparus à la même époque et aujourd’hui disparus, pourraient également avoir joué un rôle.

Elle est interdite pendant 1 100 ans
La crémation, jugée comme un acte païen pratiqué par les peuples « barbares » avec lesquels Charlemagne est en guerre, est complètement proscrite en 789. Malgré l’avis de médecins comme Ambroise Paré, recommandent la crémation comme une mesure d’hygiène pour lutter contre les épidémies au XVIème, la crémation reste exclue.
Le manque de cimetière et une salubrité insuffisante finissent par créer un fort courant hygiéniste, qui pousse à la création de sociétés de crémation. Mais il faut attendre 1887 pour qu’elle soit de nouveau admise dans la législation française, accompagnant le principe de la liberté des funérailles, qui pose les bases de la future séparation de l’église et de l’Etat en 1905.

Le développement des crématoriums
Le premier est ouvert en 1889 à Paris, au cimetière du Père Lachaise. Un siècle plus tard, il en existe une dizaine en France, et ce nombre a rapidement crû : on compte aujourd’hui environ 200 crématoriums, selon la fédération française de crémation. Ils sont gérés par des opérateurs privés qui reçoivent une délégation de service public des municipalités.
Le choix de la crémation se développe d’autant plus que les Français prennent leurs distances avec le fait religieux, mais également à cause de l’éclatement des familles qui s’éloignent des lieux de sépulture et du manque de place dans les cimetières urbains.
De plus en plus acceptée, la crémation reste un choix personnel qui s’est transformé en fait de société, jusqu’à concerner près de 90% des décès en Suisse, au Royaume-Uni ou au Danemark, et 40% en France.

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