La Grande Synagogue de la Victoire

C’est la Révolution qui accorde la nationalité française à la communauté juive, en 1791, et Napoléon qui organise le culte israélite en créant le Consistoire Israélite, en 1808 : cela explique l’attachement profond des juifs français à la patrie qui leur accorde l’égalité des droits avec les autres citoyens.

Une grande synagogue au cœur du quartier des affaires
Sous le Second Empire, les grands financiers et entrepreneurs juifs contribuent très largement à la révolution industrielle de la France ainsi qu’au rayonnement culturel de Paris. Napoléon  III souhaite alors doter la communauté israélite d’un lieu de culte digne de son importance, dans un quartier prestigieux, celui de l’Opéra, où la bourgeoisie juive s’est installée.

1875 : le vaisseau amiral du judaïsme français
Le terrain est offert à la Ville de Paris par la famille impériale et les travaux sont financés par la communauté juive et principalement par la famille Rothschild. Elle est construite sur un plan basilical monumental, selon un style byzantin et Second empire. Mais alors qu’elle devait s’ouvrir sur l’actuelle rue de Châteaudun, entre les églises Notre Dame de Lorette et Trinité, la très catholique impératrice Eugénie, espagnole, exige que l’entrée se fasse par la modeste rue des Victoires.

Simplicité et richesse
Avec ses 1 800 places, la Victoire est la plus grande synagogue en Europe après Budapest. Le décor intérieur, comme il convient dans une synagogue, ne comporte aucune figure humaine ou animale. Mais l’Arche Sainte est par ses dimensions un élément unique en Europe. Les principaux objets liturgiques, comme la ménorah – le chandelier en argent à sept branches – ont été offerts par Gustave de Rothschild, lors de son inauguration.

La synagogue a épousé tous les drames du pays
En 1941, elle est la cible d’un attentat à la bombe, l’année suivante sa majestueuse arche sainte contenant les rouleaux de la Torah est profanée par des miliciens. Mais miraculeusement les rafles ont pu être évitées, les dirigeants de la synagogue étant toujours prévenus à temps pour cacher dans le bâtiment les fidèles en situation irrégulière. Et c’est ici que la journée du 11 janvier 2015 s’est achevée, après la marche historique organisée à la suite des attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher.

Un lieu accueillant toutes les sensibilités
La Victoire aujourd’hui a une double vocation, religieuse et culturelle. Son judaïsme se rattache au courant orthodoxe moderne en vigueur au sein du Consistoire Central de France, à la fois laïque et ouvert, à l’avant-garde du dialogue interreligieux. La Victoire est aussi un centre d’études avec des cours de Talmud, des conférences et des concerts. Le lieu accueille toutes les sensibilités de la communauté. Fondé par des ashkénazes et rattaché au rite alsacien, il abrite deux oratoires, égyptien et tunisien.

Une histoire d’amour avec la France
Tout en affirmant son attachement à Israël, la synagogue de la Victoire continue de réciter, semaine après semaine, une prière pour la République française. Comme aucune autre religion.

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