L’église de la Madeleine

La Madeleine est un bâtiment vraiment œcuménique : commencée sous le règne des Bourbons, stoppée par la Révolution mais sans être détruite, relancée sous l’Empire, elle est terminée sous la Restauration.

Ni transept, ni croix, ni clocher, rien en ce monument n’évoque une église. On la prédestine un temps à être la Bourse et la Banque de France. Napoléon veut qu’elle soit un Temple à la gloire des Armées Françaises et Louis-Philippe imagine d’en faire une gare ferroviaire, mais en 1845, l’église enfin achevée devient la paroisse principale du 1er arrondissement de Paris.

Un long chemin de croix
Mais il faudra 80 ans pour en arriver là. Louis XV en personne pose en 1763 la première pierre d’une église en forme de croix grecque surmontée d’un dôme plus vaste. A la Révolution, les fûts des colonnes s’élèvent à la hauteur des chapiteaux mais les travaux sont arrêtés.
En 1806, Napoléon reprend la main : « c’est la récompense que le vainqueur des Rois et des Peuples, le fondateur des Empires, décerne à son armée victorieuse sous ses ordres et par son génie » : un lieu dédié à la mémoire de ses soldats, des batailles livrées, des morts au champ d’honneur, des batailles et des victoires  Il fait raser la construction existante et reprend le projet à zéro. Mais faute de moyens, l’édifice avance lentement puis s’arrête avec Waterloo.

La Restauration restaure et relance
Colonnes et murs latéraux dressés, il ne reste plus qu’à les couvrir et décorer l’ensemble. Louis XVIII veut en faire une Chapelle expiatoire à la mémoire de Louis XVI – qui sera finalement construite, à quelques pas – mais Louis-Philippe, fils de régicide, s’il confirme sa destination d’église, décide qu’elle sera une simple église de paroisse.
Trônant au cœur des « beaux quartiers », la Madeleine, est richement dotée, mobilisant quantité des artistes les plus réputés de l’époque et faisant de l’édifice l’un des chantiers romantiques les plus fameux. Aujourd’hui, ce temple périptère à colonnes corinthiennes est à la fois un des meilleurs exemples de l’architecture néoclassique à Paris, une vraie paroisse et un haut-lieu artistique.

« C’est aussi l’église de Johnny »
« La Madeleine », comme on la nomme familièrement est avant tout une paroisse, du nom de Sainte-Marie Madeleine, la pécheresse repentie. On y célèbre les messes d’enterrement … Piaf, Dalida, Trenet, Bécaud, Salvador et bien sûr Johnny … Depuis ses fans viennent s’y recueillir comme s’il y était enterré, déposant des petits mots sous les lampes de l’église. Pour le curé de la paroisse, le Père Horaist, « ne rien faire se semblait impossible. Il a sa place ici ». Il appose une plaque commémorative sur les grilles extérieures et installe une table sous l’orgue, avec quelques photos et un Livre d’Or, posant les premières pierres d’un mémorial improvisé. La fréquentation de l’église a largement augmenté et une messe sera dite en l’honneur du rockeur tous les 9 de chaque mois.

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