Les Catacombes, un monument à redécouvrir

Passons rapidement sur l’explication géologique de la formation de cette roche Lutétia, qui servira dès le 1er siècle à construire les Arènes de Lutèce et à partir du XIIIème, Notre Dame et les grands monuments gothiques parisiens. A cette époque, les carrières qui étaient à ciel ouvert, deviennent souterraines et s’étendent sous Paris et sa banlieue sud jusqu’au XXème siècle.

Les catacombes de Paris furent probablement creusées au XVème siècle et si leurs 11 000 m² ne représentent que 0,5% de la superficie totale des carrières parisiennes, c’est aujourd’hui la plus grande nécropole souterraine du monde. On y accède après une longue attente place Denfert-Rochereau et 130 marches pour descendre à 20 mètres de profondeur.

Mais revenons plutôt à ce 30 mai 1780. Les riverains du cimetière des Innocents se plaignaient déjà d’exhalaisons provenant de la décomposition des cadavres qui éteignaient les chandelles à travers les murs. Mais ce jour-là, le mur d’une cave de la rue de la Lingerie cède sous la pression des milliers de cadavres entassés dans la fosse commune voisine … La ville décide de créer le marché des Halles et de transférer les cadavres dans un autre lieu.

Les ossements sont exhumés, nettoyés et transportés sur des chars funéraires précédés de chœurs de religieux portant des lanternes funéraires, suivis de prêtres chantant l’office des morts. Puis les ossements sont jetés dans un puit d’extraction à la hauteur de l’actuel n° 21 de l’actuelle avenue André Coty. En bas, des hommes les recueillent pour les transporter dans de petites brouettes dans le secteur qui leur est réservé, signalé par une plaque gravée indiquant la provenance et la date du transfert. Ces opérations se poursuivent jusqu’en 1814 et puis de 1842 à 1860. Au total, ce sont 17 cimetières et 145 monastères, couvents et communautés religieuses, et 160 lieux de culte entourés par leurs propres cimetières qui alimentent les Catacombes.

1809, Louis-François Héricart de Thury réorganise l’ossuaire pour accueillir des visiteurs. Il en fait un décor funéraire monumental, enrichi de piliers doriques, d’autels, de fontaines et de plaques gravées portant des citations de textes sacrés, philosophiques ou littéraires. Les ossements sont soigneusement rangés, les tibias posés à l’horizontale alternent avec des rangées de crâne et constituent des murs derrière lesquels sont entassés les restes des ossements. D’abord réservés à quelques privilégiés prestigieux – Napoléon s’y rendit en 1860 – les visites connaissent un franc succès qui ne se dément pas aujourd’hui.

Les Catacombes sont un lieu insolite, rien à voir avec un cimetière. On y ressent beaucoup plus intensément la présence de la mort avec ces ossements que l’on peut toucher, faire bouger, saisir (n’y pensez même pas, les sacs sont fouillés à la sortie !). Son pouvoir d’évocation est extraordinaire et l’on comprend que des cataphiles s’y faufilent la nuit pour toute forme d’activités festives, et bien sûr interdites.

Y sont enterrés les grandes figures de la Révolution – Danton, Robespierre – mais aussi Rabelais, Montesquieu, Colbert, Racine, Pascal, l’homme au masque de fer …

Au XIXème siècle les lieux de sépulture commencent à manquer et Paris se dote de nouveaux cimetières, en dehors des limites de la ville, Montmartre, le Père-Lachaise, Passy et Montparnasse … mais ceci est une autre histoire.

Les Catacombes accueillent plus de 300 000 visiteurs chaque année. Elles viennent de rouvrir après plusieurs mois de  travaux.

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