Thierry Gora, conseiller funéraire

Le régime des pompes funèbres s’est progressivement laïcisé, puis privatisé.  Mais derrière l’histoire, la religion ou les structures, qui sont ces hommes et ces femmes qui accueillent, écoutent et guident chaque famille brutalement confrontée à l’absence ?

Car malgré la douleur la famille va devoir, dans des délais obligatoirement courts, se mettre d’accord et prendre des décisions importantes. Dans les entreprises de pompes funèbres, les conseillers dialoguent avec les proches du défunt, les conseillent, les rassurent et les accompagnent tout au long du déroulement des funérailles. Entretien avec Thierry Gova, conseiller funéraire au sein de Maison Maurice Beer.

« Pour moi, c’est d’avoir frôlé la mort qui m’a transformé et m’a encouragé à changer de métier. On ne le fait pas par hasard ». Un conseiller apprend à relativiser, à prendre du recul, car s’il prend en charge la douleur de la famille, il perdra pied et ne sera plus capable de la conseiller efficacement. Accompagner des gens en souffrance exige une grande force de caractère et une vie bien équilibrée par des passions fortes qui permettent de s’évader régulièrement.

« Ici c’est une petite structure, on a moins de clients mais on passe beaucoup de temps avec eux ». Il faut immédiatement comprendre quels étaient les liens entre le défunt et la famille, parce que c’est cette relation de toute une vie qui va décider de ce que sera l’inhumation. Ce métier c’est écouter et comprendre, parfois entre les lignes, ce qui unit – ou sépare aussi – une personne qui vient de disparaître et ceux qui l’ont toujours côtoyée. C’est un moment de vérité où les rapports ressortent parce que les gens sont fragilisés.

« Je me souviens d’un rendez-vous de 2 heures avec une famille, qui n’a été qu’une longue suite de fous rires tellement la famille était heureuse de parler du défunt et d’évoquer les bons moments passés avec lui ». Mais il est aussi arrivé de devoir faire appel à la police pour séparer deux familles qui se battaient au cimetière. Le deuil révèle les belles histoires mais peut aussi raviver les blessures enfouies et les non-dits. C’est pourquoi seule une écoute attentive, fine et bienveillante engendre la confiance qui permet à la famille de vivre cette période de souffrance de façon plus apaisée.

« Le conseiller funéraire est là pour soulager la famille en s’occupant du moindre détail ». Choix du cercueil et du monument funéraire, bouquets de fleurs et leur disposition, porteurs et transport, relations avec le lieu de culte et le cimetière sans parler de toutes les démarches administratives, les pompes funèbres orchestrent la cérémonie avec précision et délicatesse. Et la famille peut ainsi commencer son travail de deuil.

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