Notre cimetière du Montparnasse

Le mont Parnasse est dans la mythologie grecque la résidence traditionnelle des muses. Notre mont à nous est d’avantage une éminence artificielle que naturelle, érigé par l’amoncellement des gravats et de la pierraille provenant des carrières avoisinantes. Le cimetière, ainsi nommé par les étudiants qui venaient y déclamer des vers, est depuis le début du XIXème siècle un grand témoin de l’histoire de Paris.

Il ouvre ses portes le 25 juillet 1824 sur l’emplacement de trois anciennes fermes transformées en nécropole pour les religieux de Saint-Jean de Dieu. Un terrain prédestiné donc, racheté par le préfet Frochot pour en faire l’un des trois grands cimetières parisiens, avec le Père Lachaise (1804) et le cimetière de Montmartre (1825).

Les religieux avaient fait construire au milieu des champs de blé un moulin, dit de la Charité, parmi la soixantaine de moulins érigés entre Montparnasse, Montsouris et Montrouge. Après la révolution ce moulin fut loué à un particulier qui en fit une guinguette où l’on pouvait déguster des galettes arrosées du vin de Bagneux. Après l’ouverture du cimetière, il devint le logement du gardien. Classé monument historique depuis 1931 et récemment restauré, il  demeure, au milieu des tombes, le témoin de cette époque où la campagne jouxtait le Paris du XVIIIème siècle.

Le « cimetière du Sud », qui prit rapidement le nom de Montparnasse, s’agrandit rapidement pour s’étendre en 1847 jusqu’à la place Denfert Rochereau mais entre 1878 et 1890, il est réduit à sa taille habituelle (18,72 hectares) avec le percement et l’agrandissement de nouvelles voies. C’est ainsi que la rue Emile-Richard le coupe désormais en deux parties inégales, le petit et le grand cimetière.

Le cimetière du Montparnasse construit pour accueillir les Parisiens de la rive gauche, à l’image de ce cœur historique, universitaire et artistique de la capitale, accueille les écrivains, les savants, les artistes qui l’ont choisi comme dernière demeure. Son histoire c’est avant tout la leur.
Parmi les 1 200 arbres qui bordent ces allées paisibles, quelques incontournables :

La sculpture « le baiser » de Brancusi, sur la tombe de Tatiana Rachewskaïa qui s’est suicidée par amour.

Les deux sculptures de Nikki de Saint-Phalle : le chat sur la tombe de son assistant Ricardo et l’oiseau sur celle de son ami Jean-Jacques.

La tombe de Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, liés pour la vie et au-delà par leur pacte « d’amour nécessaire ».

Sur la tombe de Serge Gainsbourg, pêle-mêle et selon les jours : tickets de métro, cigarettes, chou, fleurs, photos, disques, dessins …

Charles Baudelaire est enterré avec sa mère et son beau-père, qu’il détestait. En 1902, un cénotaphe est érigé à  sa mémoire grâce à une souscription, mais sa famille a refusé que son corps soit déplacé

Et bien d’autres étonnements encore, célébrités ou anonymes, que vous croiserez tout au long de ces allées paisibles parmi ces 35 000 sépultures, comme cette sculpture du Génie du Sommeil Eternel, au centre du cimetière.

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