Le cimetière de Montmartre, au cœur de la vie du quartier

Il aura fallu l’éboulement, en 1780, d’une fosse commune du cimetière des Saints-Innocents dans la cave d’un immeuble voisin pour que la municipalité interdise les inhumations dans Paris intra-muros et crée des cimetières en dehors de Paris.

Ainsi naquit le cimetière de Montmartre, sur l’emplacement d’anciennes carrières de gypse.

Le cimetière de Montmartre, intégré dans l’agglomération parisienne en 1860, s’agrandit régulièrement avec l‘achat de nouveaux terrains pour totaliser 21 hectares en 1847, mais une partie fut utilisée pour la construction de l’hôpital Bretonneau en 1879 et l’aménagement du square Carpeau.
Le prolongement de la rue Caulaincourt, en 1888, par un pont métallique jusqu’à la place de Clichy, offre un panorama inédit surplombant le cimetière.

Comme partout dans le quartier, le dénivelé modèle le paysage : certaines pierres tombales sont au même niveau que les immeubles quand d’autres reposent plusieurs mètres plus bas.

Ses 11 hectares accueillent 20 000 concessions et 500 personnes y sont inhumées chaque année. Pourtant le patrimoine funéraire de Montmartre est en péril. Nombre de sépultures, abandonnées par leurs familles, tombent en ruine et menacent la sécurité des passants. Ces bâtiments deviennent à la charge de la Ville et il est alors moins coûteux de les raser. Ainsi de petites chapelles disparaissent progressivement et c’est la richesse patrimoniale du cimetière et son âme qu’on enterre.

Le cœur du cimetière bat pourtant comme n’importe quel lieu de vie. Les vols de fleurs, de métaux, de statues même y sont fréquents. « Certains vont au cimetière au lieu d’aller chez le fleuriste, des rambardes en bronze disparaissent » témoignent les gardiens, affairés à pourchasser les voleurs dans tout le cimetière.
Certaines personnes sont gentilles mais étranges : un homme nourrit les corneilles qui mettent à mal les plantations, une dame fleurit de façon excessive des tombes qu’elle ne connaît pas. Et cette association recueille les chats abandonnés, les soigne et les relâche à l’intérieur du cimetière où elle continue à les nourrir.

Comment enfin ne pas évoquer la tombe la plus visitée, celle de Dalida, morte il y a 30 ans. Voici ce qu’en dit son site officiel :
« Dalida repose chez elle, dans la partie haute du cimetière de Montmartre. La tombe domine Paris. En contrebas, les arbres qu’elle aimait. Un lierre tenace glisse entre les sépultures. Orlando a fait sculpter par Aslan une Dalida grandeur nature, qui semble veiller sur elle-même. Drapée de blanc, elle s’avance, cheveux au vent.
Derrière elle, un arc de triomphe avec un soleil dont les rayons lui font une auréole. L’endroit a un grand charme, on y respire une paix bucolique. Au palmarès des cimetières de France, cette demeure est la plus fleurie ».

Cimetière à taille humaine, il est agréable d’y flâner au gré des monuments funéraires, des sépultures d’artistes de renom ou des tombes d’une émouvante simplicité. Beaucoup de ceux qui reposent ici ont vécu dans le quartier et contribuent à le faire vivre à leur façon. Notre maison, qui compte également un établissement entre le cimetière de Montmartre et celui des Batignolles est profondément attachée à ces lieux de mémoire et de culture.

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