Le Père Lachaise, bien plus qu’un cimetière

Plus de 3 millions de visiteurs se pressent chaque année dans cet ancien parc de Jésuites transformé par l’architecte Brongniart en un immense jardin à l’anglaise, très proche des aspirations romantiques de l’époque avec ses allées accidentées, pourvu de 6 000 arbres de 50 essences différentes et bordées de sépultures sculptées.

Ouvert en 1804 sous le nom de cimetière de l’Est, il n’a pas la faveur des Parisiens qui répugnent à se faire enterrer en dehors du Paris de l’époque, dans ce quartier populaire et pauvre. Il faudra attendre 1817 et le transfert des dépouilles d’Héloïse et Abélard, puis de Molière et La Fontaine pour que le Père Lachaise, du nom du confesseur de Louis XIV rencontre le succès.

Il est aujourd’hui le plus grand espace vert de Paris, avec une superficie de 44 hectares, et 70 000 sépultures. Si l’on s’y promène c’est pourtant moins pour son décor naturel que pour les tombes de ses grandes personnalités qui en font un musée à ciel ouvert, un cimetière d’œuvres d‘art de tous styles : gothique, haussmannien, mausolées à l’antique, tombes de marbres rares. Le secteur « romantique », le plus ancien du cimetière est classé monument historique depuis 1962.

Conçu peu après la Révolution Française, ce n’est plus un enclos paroissial mais le premier cimetière sécularisé, ouvert à tous sans distinction de religion. C’est là qu’apparaissent les premières concessions à perpétuité, destinées à être célébrées par des monuments pérennes et ambitieux. Conçu dès l’origine comme un site esthétique et éducatif, il est encore aujourd’hui un lieu de mémoire collective.

De magnifiques statues décorent les tombeaux, comme cette sublime « musique en pleurs » d’Auguste Clésinger qui orne la tombe de Frédéric Chopin.

Ou la tombe de Géricault avec sa statue de bronze le représentant ainsi qu’un bas-relief de son célèbre tableau «  le radeau de la Méduse ».

« KATA TON DAIMONA EAYTOY » (Fidèle à son propre démon) est inscrit sur la tombe la plus visitée du cimetière, celle de Jim Morrison, qui suscite tellement de ferveur – et de dégradation – qu’elle doit maintenant être protégée par des barrières.

La tombe du journaliste Victor Noir est l’une des plus visitée et fait l’objet d’un véritable culte : la légende veut qu’en frottant le gisant, surtout à l’endroit de son sexe, on recouvre la fertilité.

Le 28 mai 1871, 147 combattants  de la Commune, après une intense bataille qui se termine à l’arme blanche entre les tombes, sont faits prisonniers par l’armée régulière, puis fusillés et jetés dans une fosse ouverte. Depuis 1870, en leur mémoire, une section de cette muraille du Mur Est se dénomme le mur des Fédérés.

Sur la tombe d’Allan Kardec, l’inventeur du spiritisme est écrit : “Après ma mort, si vous passez me voir, posez la main sur la nuque de la statue qui surplombera ma tombe, puis faites un voeu. Si vous êtes exaucé, revenez avec des fleurs.” Sa tombe est la plus fleurie du cimetière.

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