Les rites funéraires à travers les âges

Chaque civilisation a ses modes, ses mythes et ses rites qui en assurent les fondations et en reflètent les transformations. Ainsi les Egyptiens embaumaient-ils leurs défunts dans des sarcophages pour conserver leurs momies pour l’éternité.

Dans la Grèce et la Rome antiques, les corps étaient le plus souvent incinérés et inhumés dans un tombeau où ils étaient censés continuer à vivre. Le faste de leur sépulture exprimait la magnificence des riches … et des pauvres, jetés dans des fosses communes.

Mais avec l’apparition du christianisme et la croyance en la vie éternelle, le sens même de la mort change et celui des obsèques avec lui. En accompagnant le fidèle dans la mort comme dans la vie, l’Eglise va jouer un rôle prépondérant et donner le ton aux funérailles jusqu’à l’époque actuelle.

Les premiers Chrétiens, persécutés par les Romains, étaient enterrés dans les catacombes, qui servaient de sépultures collectives (voir notre article de février). Les signes de luxe sont bannis, les enterrements sont sobres et humbles, bien loin des fastes romains. Mais à partir du 3ème siècle, apparaissent les premiers signes de distinction sociale, l’Eglise devient religion d’Etat et nait le culte des martyrs et des saints. Les catacombes sont délaissées au profit d’édifices imposants et de monuments somptueux.

Au Moyen-Âge, les nécropoles disparaissent au profit du cimetière qui s’installe  à l’intérieur de la ville. Il devient un espace public, véritable lieu de rencontre sociale, bien entretenu et délimité par un mur. De nouveaux rites funéraires s’imposent, la tête du défunt est orientée vers l’est en direction de Jérusalem. Il faut aider le défunt à gagner le purgatoire.

Les pauvres sont toujours enterrés dans des fosses communes, surtout lors des grandes épidémies qui décimaient la population : la sépulture devient collective. L’accumulation dans les églises et les cimetières saturés entraînent une insalubrité insupportable, obligeant le Parlement, en 1765, à transférer les cimetières hors de limites des villes. Il devient interdit d’inhumer à l’intérieur des églises.

Les cérémonies et les monuments funéraires se développent. Avec les Jésuites, qui s’occupaient des funérailles des rois et des reines de manière fastueuse, la mise en scène et l’apparat se développent : on parle alors de pompes funèbres. En 1789, la Déclaration du Droits de l’Homme reconnaît la liberté des cultes, l’influence de l’Eglise va diminuer progressivement. La crémation est autorisée depuis 1869, et depuis 1963 par l’Eglise.

Les premières morgues sont ouvertes. Les pompes funèbres, monopole communal jusqu’en 1993, deviennent privées. Les mentalités évoluent, la pratique religieuse et ses repères s’essoufflent. La mort est occultée et les familles s’en remettent aux professionnels. Le nombre de prêtres diminue et de véritables cérémonies civiles sont proposées. Le rôle des pompes funèbres s’affirme, elles proposent désormais, au-delà des formalités relatives au décès, l’organisation du rituel dans le respect des traditions, en accord avec les pensées du défunt et de ses proches. Ce sera l’objet de notre prochain article.

Maison Maurice Beer vous souhaite de très bonnes fêtes de fin d’années.

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