La cathédrale de la Sainte-Trinité : entre politique, polémiques … et religion

Le culte orthodoxe russe était exercé depuis 1931 à Paris (XVème) dans la modeste cathédrale des Trois-Saints-Docteurs, un édifice sous-dimensionné pour les 300 000 chrétiens orthodoxes de France. Le projet d’un nouvel édifice est lancé à l’automne 2017, avec le soutien du Président Sarkozy.

En 2010, la Russie achète un terrain de 4 000 mètres carrés dans le secteur protégé du quai Branly, près de la Tour Eiffel. L’ambassadeur de Russie donne le coup d’envoi d’un concours international d’architectes pour réaliser le nouveau centre culturel et spirituel orthodoxe russe. C’est le début d’une longue bataille politique, dont le spirituel ne semble plus l’enjeu.

Un bâtiment parmi quatre autres …
L’édifice est modeste, 450 mètres carrés au sol, et n’occupe qu’une petite place parmi les 4 000 carrés de l’ensemble composé de 3 autres bâtiments. Les murs blancs attendent encore leurs fresques et mosaïques ; la présence d’un sentiment religieux est encore modeste malgré quelques belles icônes couvrant les murs.

… Mais l’expression d’une toute puissance
La cathédrale impressionne par la hauteur de son dôme qui culmine à 36 mètres de hauteur. Elle est coiffée par cinq bulbes dorés, constitués de 20 pétales, recouverts de 90 000 feuilles d’or qui représentent le Christ et les quatre évangélistes. Son coût est estimé à 170 millions d’euros, entièrement financés par la Russie.

Un projet initial refusé par Bertrand Delanoë
Audacieux, voire exubérant, il est jugé inadapté aux rives de la Seine. Le maire de Paris fait appel à l’UNESCO, la polémique est lancée et le projet enterré jusqu’à l’élection présidentielle de 2012. François Hollande, en visite à Moscou, prend l’engagement de rouvrir le dossier, cher aux yeux du Président russe. Le projet concurrent, signé Jean- Michel Wilmotte, apparaît alors comme le compromis idéal.

Et un nouveau projet qui ne fait pas l’unanimité
Il est considéré comme un outil de propagande, d’embrigadement des diasporas russes, et surnommé le « Kremlin sur Seine », « Saint Vladimir » ou « la cathédrale Poutine ». Des historiens orthodoxes évoquent même l’embarras d’une partie des fidèles, le jugeant « conservateur » et « nationaliste ». Pendant sa construction, des ex-actionnaires de la compagnie pétrolière russe Loukos, tentent même de saisir le centre culturel mais la justice française les déboute en faisant du centre un bien diplomatique insaisissable.

Inauguration en fanfare et incident diplomatique
Elle est prévue le 19 octobre 2016 en présence de François Hollande et de Vladimir Poutine mais, à la suite d’un véto russe à l’ONU sur une résolution française visant à instaurer une trêve en Syrie, le président français annule sa venue. L’inauguration a bien lieu mais le président russe, dont la présence n’est pas souhaitée, n’y assiste pas non plus. Il ne visitera la cathédrale qu’en mai 2017.

Et la religion …
Inspirée de la cathédrale de la Dormition à Moscou de 1475, la Sainte-Trinité est le nouveau siège du diocèse orthodoxe russe de Chersonèse. Elle est consacrée par Krill, le patriarche de Moscou et de toute la Russie, qui fédère plus de la moitié des 250 millions de chrétiens orthodoxes dans le monde.

La cathédrale se visite tous les jours de 15 à 19h, au 1 quai Branly, Paris VIIème

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