Les cimetières d’Halifax et les naufragés du Titanic

Le 14 avril 1912 à 23h40, le Titanic heurte un iceberg. Moins de trois heures plus tard, « l’insubmersible » se brise en deux et disparaît dans les flots. A 3h30, le Carpathia arrive sur les lieux, rejoint par le Californian à 5h30. Ils réussissent à sauver plus de 700 passagers. Mais 1 513 personnes périssent dans le naufrage. Une autre histoire commence, qui n’est pas dans le film.

Une intense campagne de recherche
Le 20 avril, le navire britannique Mackay-Benett, arrive sur les lieux du naufrage avec à son bord un pasteur, un entrepreneur de pompes funèbres et une cargaison de glace, de cercueils et de sacs en toile, et passe 5 jours, pour repêcher 306 corps. 116 dépouilles sont de nouveau confiées à la mer, soit parce qu’elles étaient dans un fort état de décomposition, soit parce que les fournitures nécessaires commençaient à manquer, selon les versions. Trois autres bateaux se succèdent encore mais ne peuvent récupérer que 22 corps supplémentaires, portant le total à 328.

Pas tous égaux dans l’au-delà
Les corps des passagers de première classe ont droit à des cercueils, ceux de deuxième et de troisième classe à des sacs en toile et ceux des membres de l’équipage à de simples brancards. 59 corps sont rendus à leurs familles, 150 dépouilles non réclamées, pour la plupart celles d’émigrants, furent réunies et réparties après des services religieux dans les trois cimetières d’Halifax, le port canadien le plus important proche des lieux du drame.

Halifax devient « la ville du chagrin »
Les sépultures sont réparties dans les cimetières selon les éléments concernant l’identité des victimes qui ont pu être trouvés sur elles, et leur religion, connue ou supposée. Chaque sépulture est ornée d’une pierre tombale en granit gris foncé. Sur la partie supérieure est gravée l’inscription « Décédée le 15 avril 1912 », suivi du numéro du corps. Lorsque la victime est identifiée, figure le nom, dans le cas contraire, la première ligne reste vierge, en espérant une identification dans le futur.

Trois cimetières
121 corps, dont 31 non identifiés, sont enterrés dans le cimetière multiconfessionnel de Fairview Lawn. 19 victimes, dont 4 non identifiées, reposent dans le cimetière catholique du Mont des Oliviers et 10, dont 8 non identifiées, dans le cimetière israélite du Baron de Hirsch.

La tombe de l’enfant inconnu
Un enfant de 2 ans figure au nombre des victimes dont le corps ne fut pas réclamé. C’est l’équipage du Mackay-Benett, profondément touché, qui demanda à prendre en charge les obsèques. Tous les efforts d’identification échouèrent. On pensa longtemps qu’il était le fils d’Alma Palsson, figurant elle aussi parmi les victimes, et dont la tombe, par pure coïncidence, est située à quelques mètres.
Mais en 2001, de nouvelles recherches et une analyse ADN sur le corps partiellement exhumé de l’enfant infirmèrent cette thèse. En 2002, des chercheurs affirmèrent formellement que l’enfant était le petit Eino Vijjami Panula. Finalement, en 2007, ils revinrent sur leurs précédentes conclusions, avec de nouvelles analyses ADN, certifiant que l’enfant inconnu était Sidney Leslie Goodwin qui voyageait en troisième classe et qui est le seul corps retrouvé parmi tous les membres de sa famille. Une plaque à son nom a été posée au pied du monument.

Les commémorations du centenaire du naufrage du Titanic, en 2012, ont accru la fréquence des visites dans les cimetières de Halifax, nécessitant d’importants travaux de restauration. Nombreux sont les visiteurs qui déposent des jouets au pied des tombes des enfants disparus, dont celle de l’enfant « inconnu ».

Ce contenu a été publié dans Evenement, L'Histoire, Les lieux. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.