Notre Dame, du sacré à l’universel

Notre Dame de Paris, bâtie pour être un lieu de culte est aujourd’hui un chef d’œuvre architectural unique au monde et l’âme de la France.
L’actualité a encore renforcé la symbolique de ce monument dont la reconstruction mobilise toutes les énergies, des sommes folles et la bienveillance du monde entier, toutes confessions religieuses confondues.
Comment la cathédrale est-elle devenue ce lieu universel qui nous rassemble tous ?

Un sanctuaire d’un type nouveau
La population de Paris passe de 25 000 habitants en 1180 à 50 000 en 1220, ce qui en fait la plus grande ville d’Europe, Italie mise à part. A cette époque, la foi chrétienne irrigue toutes les strates de la société et rassemble les notables et le peuple. En 1163, l’évêque de Paris, Maurice de Sully, décide la construction d’une cathédrale, beaucoup plus vaste que l’ancienne église romane, démolie au fur et à mesure.

Un monument tout entier dédié à la gloire de Dieu
Cette nouvelle dimension interpelle : elle traduit le désir de l’homme de louer la toute-puissance divine. En 150 ans, plus de 80 cathédrales jaillissent de terre. Elles ont un point commun : leur démesure. Celle d’Amiens pouvait accueillir la totalité de la population de la ville. L’église doit rassembler le plus grand nombre de fidèles.
Pourquoi ? Parce qu’ils avaient une foi si vive que rien ne leur semblait trop haut ni trop beau pour Dieu. Les cathédrales sont à la mesure de la foi des hommes qui les ont construites.

L’offrande de tout un peuple
La cathédrale était le symbole de l’autorité et de la mission de l’évêque, c’est là qu’il siégeait, il fallait donc qu’elle soit visible et majestueuse. Tous les chrétiens d’alors, des plus riches aux plus pauvres, ont participé à sa construction en donnant la force de leurs bras, leur argent, leur temps, leur vie parfois …
C’est un acte de foi collectif, la réplique vivante d’un univers riche de ses croyances, de ses légendes et ses superstitions. A cette époque, on se retrouvait dans la cathédrale pour prier et célébrer l’eucharistie, bien sûr, mais aussi pour discuter, déjeuner ou conclure des affaires.

La cathédrale devient la « maison du peuple ».
De siècle en siècle, sous tous les régimes, de la monarchie d’Ancien Régime à la République, pour le meilleur et pour le pire, la cathédrale se transforme en lieu de mémoire collective. Philippe le Bel y convoque les Etats généraux en 1302. Louis XIV fait suspendre aux voûtes de Notre-Dame de Paris les drapeaux pris sur l’ennemi. Napoléon Ier vient y chercher la légitimité de l’Empire en s’y faisant sacrer.
Le 26 août 1944, Paris libéré, c’est vers la cathédrale que converge le Général de Gaulle et une foule immense pour assister à un Te Deum. En 1970, 1974 en 1996 des messes sont célébrées à l’occasion des obsèques des présidents Charles de Gaulle, Georges Pompidou et François Mitterrand, bien que la cathédrale ne soit plus une paroisse depuis longtemps.

Notre Dame de tous les Français
En dépit d’un basculement progressif vers la laïcité, Notre Dame de Paris n’a jamais perdu son trait d’origine : l’expression d’une certaine réconciliation entre le spirituel et le temporel.
Ce n’est pas seulement un musée et un haut lieu du tourisme parisien. Elle donne une représentation de la religion qui réunit à la fois les croyants et les athées, elle est l’expression d’un moment apaisé de l’histoire du catholicisme.

Ces événements témoignent de la place singulière qu’occupe Notre-Dame de Paris dans l’imaginaire religieux et républicain : le lieu du rassemblement et de la communion.

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