Du haut de la colonne de Juillet un siècle de révolutions nous contemple

La Colonne de Juillet est bâtie à l’emplacement exact de la prison de la Bastille. C’est aujourd’hui, au centre de sa place, un monument érigé en souvenir des insurgés de deux révolutions, une nécropole et le symbole des grands mouvements populaires. Voici l’histoire de la colonne de Juillet, le plus célèbre des monuments méconnus.

Napoléon rêvait d’un gigantesque éléphant
L’éléphant ne verra jamais le jour, mais du projet initial seul le socle est réalisé en 1814, base de la colonne actuelle, à cheval sur le canal Saint-Martin : deux ouvertures à l’intérieur offrent encore aujourd’hui une vue plongeante sur les bateaux qui y circulent.
Sur les deux rives du canal, deux cryptes en demi-cercle accueillent les corps de 700 insurgés des révolutions de 1830 (la révolution de Juillet, d’où son nom) et de 1848.

179 500 kilos de bronze
Par décret de Louis-Philippe, la colonne est construite entre 1835 et 1840 et demeure le point de repère de l’est parisien avec ses 52 mètres de haut : le piédestal cubique soutient un fût de 23 mètres que couronne une statue de quatre mètres.
L’intérieur est creux, à l’exception d’un escalier de 200 marches, entièrement fondu en bronze et véritable prouesse technique.

Une colonne chargée de symbole.
Le socle est constitué d’un premier soubassement en marbre rouge, sur lequel repose un second carré, orné de 24 médaillons, et un troisième décoré par des têtes de lion et un poème de Victor Hugo dédié à la colonne.
Le fût de la colonne accueille les noms des 504 victimes des Journées des Trois Glorieuses en 1830, gravés dans le bronze et dorés à la feuille d’or.
La statue représentant la liberté n’est pas une femme comme dans le tableau de Delacroix « la liberté guidant le peuple » car une figure féminine évoque trop la république alors que la révolution de 1830 établissait une nouvelle monarchie.

Une inauguration en fanfare
Le 28 juillet 1840, les dépouilles des victimes de 1830 sont transférées sous la colonne, aux sons de la « Symphonie funèbre et triomphale », composée pour l’occasion par Hector Berlioz. Le compositeur dirige lui-même les 120 musiciens qui jouent à reculons entre les jardins du Louvre, où ont été exhumés les morts, et la Bastille.
La liesse populaire atteint un tel paroxysme que, malgré la puissance de l’orchestre, Berlioz écrira dans ses mémoires, qu’on entendit à peine son œuvre.

1830, mais aussi 1848 et 1871
Louis-Philippe, qui avait chassé le Bourbon Charles X, fait face, 18 ans plus tard, à une autre révolution. Il est contraint d’abdiquer, la France devient une république, son trône est brûlé au pied même de la colonne et les corps des émeutiers y sont transférés. Ironie du sort, ceux qui ont placé Louis-Philippe sur le trône côtoient ceux qui l’ont chassé…
La colonne a beau être un symbole révolutionnaire, cela n’a pas empêché les communards, lors de la semaine sanglante (21 – 28 mai 1871) de s’en prendre à elle : une péniche chargée de combustibles est amenée sous la base du fût, qui résista malgré les flammes.

Premières visites en 2020
La colonne de Juillet est un monument hautement symbolique et une nécropole. Le centre des monuments nationaux a donc décidé de rendre au monument sa signification mémorielle. D’importants travaux techniques sont en cours de réalisation et les décors restaurés par des artisans d’art : éléments de bronze, vitraux, mosaïques intérieures et ferronnerie. Toutefois, seule la partie basse sera ouverte au public, l’escalier étant trop étroit pour être sécurisé.
Rendez-vous en 2020 pour découvrir l’un des monuments les plus ancrés dans la mémoire collective française.

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